L’association

Histoire de L’Ecran Réolaisguy
par Guy Claisse, premier président de l’association

«

Petite annonce dans Sud Ouest au lendemain de la Toussaint 1989 : les « amis du cinéma de La Réole » fermé depuis la mois de janvier, tiendront une Assemblée Générale le 13 novembre à la mairie. Au programme : comment rouvrir le Rex et avec qui ?

Nouveau venu dans la région et ancien chroniqueur de cinéma à France Inter je me précipite à la réunion. Le maire, Bernard Castagnet déjà, m’informe que lors d’une enquête dans les rues de la ville, 95% des 250 Réolais interrogés voudraient revoir fonctionner leur cinéma. L’adjointe à la Culture, Angèle Garrigou, à l’origine du mouvement, est allé se renseigner à Créon où exite un cinéma associatif. Pas de problème : il suffit de créer une association loi 1901 pour gérer le nouveau Rex. On a déjà des projectionnistes : Raymond Vaillier, autre adjoint au maire, est allé se former à Créon en compagnie de deux autres Réolais.

Des bénévoles, prêts à donner de leur temps pour faire tourner l’association, tenir la salle, la caisse ? « La salle en est pleine » assure le maire. Il y a bien là, en effet, une cinquantaine de personnes dont, déjà, un trésorier potentiel. L’association a choisi son nom, « L’Ecran Réolais ». « Il ne manque qu’un président, » dit Castagnet. « Ce serait bien si c’était vous ! ».

Voilà, c’est comme ça qu’on rouvre un cinéma. Simple, non ? Le 30 mars 1990, après un travail de dépoussiérage réalisé par des anonymes, la salle reprenait du service.

Oh, ce n’était pas le Rex d’aujourd’hui, avec ses dix ou douze séances, ses trois ou quatre films hebdomadaires. On se contentait d’un film par semaine, de trois ou quatre séances, uniquement pendant le week-end, plus quelques séances spéciales par-ci par-là, pour les écoles et le collège, surtout. On négociait âprement des films avec une programmatrice de Bordeaux, mais en adhérant à L’Association des Cinémas de Proximité de la Gironde, on pouvait déjà faire plaisir aux cinéphiles avec les séances Clins d’Oeil. Notre record d’entrées s’établit la Toussaint suivante avec deux films tirés de l’oeuvre de Marcel Pagnol, près de 3000 spectateurs sur un total de 12000 la première année. On a même fait des bénéfices, bien qu’il ait fallu rapidement recruter un projectionniste salarié, puis deux.

En 1993, l’affaire paraissant solidement installée, la municipalité décidait d’acheter la salle qu’elle louait jusque là à la propriétaire de l’immeuble. L’association, pour ne pas être en reste, finançait largement d’importants travaux d’amélioration de la salle : un nouvel appareil de projection, un nouvel écran, un système de chauffage au gaz pour remplacer la chaudière à mazout.

On est allé comme ça pendant dix ans, avec des années qui oscillaient entre 11000 et 15000 spectateurs par an, mais on s’est rendu compte que ça risquait de ne plus durer très longtemps si on ne transformait pas le Rex en un cinéma moderne adapté à l’évolution technologique et aux exigences de qualité du public. Et en 2001 on s’est lancé dans une rénovation complète, avec d’importants concours financiers du Centre National de la Cinématographie, du Conseil Général de la Gironde, du Conseil Régional d’Aquitaine et de la Ville de La Réole. On a même trouvé des fonds européens. Et l’association a apporté ses économies.

Ainsi est né le Rex d’aujourd’hui. L’Écran Réolais, qui existe toujours, s’appuie désormais financièrement sur la Communauté de Communes, compte deux animateurs salariés (note : lors de la rédaction de ce texte en 2010) et toujours, bien sûr, de nombreux bénévoles dont certains sont là depuis les débuts, il y a plus de vingt ans.

»

Guy Claisse (1934-2016)
ancien journaliste et viticulteur,
président de L’Ecran Réolais de 1990 à 2005.